
Nous sommes allés à la rencontre de Carole Schaller, responsable commerciale pour St-Art, première foire d’art contemporain en région, dans le Grand Est. C’est le rendez-vous des professionnels et amateurs d’art – devenu référence pour le marché de l’art, avec une ouverture européenne. Elle partage avec nous le processus de sélection des œuvres pour cette manifestation et son expérience avec le Cerfav, partenaire depuis 2024.
Interview par Anne Pluymaekers, responsable du pôle Culture du Cerfav.
Anne Pluymaekers : Peux-tu te présenter en quelques mots, Carole ?
Carole Schaller : Bien sûr, je suis Carole Schaller, responsable commerciale de la foire d’art contemporain ST-ART à Strasbourg depuis 2023. Je m’occupe de la partie projets artistiques dont le CERFAV fait partie et également de la prospection des galeries d’art en vue de leur participation à la foire.
AP : Quelle est ta formation ? ton parcours ?
CS : Je suis issue d’une formation d’histoire de l’art à l’Université de Strasbourg. J’ai ensuite réalisé un master pro à l’université Paul-Valéry de Montpellier. Ce cursus m’a permis d’accéder au marché de l’art et de me plonger pleinement dans le milieu des galeries. J’ai donc eu la chance d’avoir une expérience de 8 ans dans la galerie 1900-2000 à Paris qui m’a fait découvrir le second marché1 et les foires d’art contemporain et d’art moderne. Après les années COVID, l’envie s’est fait sentir de revenir à mes racines et de retourner en Alsace. À mon retour, j’ai eu l’opportunité de participer au dynamisme de la foire d’art contemporain ST-ART pour laquelle j’ai un attachement tout particulier, car je l’ai fréquentée de nombreuses fois dans ma jeunesse.
AP : Cela fait deux ans que ST-ART et le Cerfav sont partenaires. Cette année, tu nous as fait l’honneur de participer en tant que juré externe pro à l’évaluation des créateurs verriers de la promo 32. Qu’en as-tu retenu ? Est-ce que certaines créations ou certains créateurs t’ont marquée et pourquoi ? Que retiens-tu de cette expérience ?
CS : C’était également un honneur pour moi de pouvoir participer à ce jury. Aussi un peu intimidant, car nous savions que nous allions jouer un rôle dans leur cheminement artistique et professionnel. C’était tellement enrichissant de pouvoir se confronter à la jeune création et à leur vision du monde de l’art et des métiers d’art. Il y a eu des travaux très aboutis, comme le travail d’Alizée Berthet avec l’œuvre Valuable time to people who don’t care if i live or die qui est multiple, à la fois installation et performance de l’artiste. J’ai également beaucoup aimé l’esprit cabinet de curiosité avec Caroline Moal. D’autres créateurs sont sur le point d’éclore, je pense surtout à Aude Seigneur avec son œuvre Les Sibyllis qui nous invite à découvrir ses petits personnages végétaux. Il y a un grand potentiel. Il faut juste pouvoir impliquer un peu plus le spectateur dans l’œuvre.



AP : Comment procèdes-tu pour sélectionner les pièces des diplômés du Cerfav qui seront exposées à ST-ART ?
CS : ST-ART est une foire d’art contemporain, donc forcément mon regard va se tourner davantage sur les projets art que design. Les œuvres doivent pouvoir parler d’elles-mêmes et vous amener dans l’univers de l’artiste. Les visiteurs de ST-ART qui peuvent être collectionneurs ou amateurs ont besoin de pouvoir s’approprier l’œuvre. Évidemment, je recherche également de l’innovation que ce soit dans la technique, la scénographie ou l’histoire de l’œuvre intimement liée au discours de l’artiste.
“Les œuvres doivent pouvoir parler d’elles-mêmes et vous amener dans l’univers de l’artiste.”
AP : Peut-on exposer à ST-ART lorsque l’on n’est pas en contrat avec une galerie ?
CS : Depuis 29 ans, ST-ART est une foire d’art contemporain dédiée aux galeries d’art. Il n’est donc pas possible pour les artistes de s’y présenter en direct.
Cependant, nous faisons un petit écart à travers les stands de la HEAR et du CERFAV, pour pouvoir présenter la jeune création pour les confronter à la réalité du marché de l’art. Cela permet de leur donner une belle visibilité pouvant mener à des rencontres et à des opportunités avec nos galeries, institutions culturelles et collectionneurs.
AP : Durant ces deux années de partenariat, quelle a été ta pièce coup de cœur ? ou/et l’artiste qui a retenu ton attention ?
CS : Question difficile… J’ai eu de véritables coups de cœur avec les œuvres de Mathilde Lusso qui sont d’une finesse et d’une poésie incroyables. Les œuvres de Karoline Jeuffroy m’ont également interpellée avec cette impression de légèreté contenue. D’ailleurs, j’étais ravie de découvrir son travail dans la galerie Villa Domus à Honfleur qui a justement participé à ST-ART l’année dernière. Cela montre encore une fois que la foire est un lieu d’échanges et de rencontres.


AP : Quel regard portes-tu sur l’art contemporain s’exprimant avec le matériau verre ? Que faire pour lui donner plus de visibilité, pour le faire connaître davantage ?
CS : J’ai pu remarquer que l’art verrier est toujours très apprécié par les amateurs d’art, pour sa délicatesse, sa transparence, son opacité et les différentes techniques qui permettent de sublimer le matériau. Mais il me semble que l’art verrier est encore soumis à de trop nombreux stéréotypes. Souvent, le verre est synonyme de fragilité, de casse et de coût onéreux. Pourtant, nous sommes loin de cette image. De très belles pièces peuvent être trouvées à des prix équivalents à une peinture, et un dessin peut-être tout autant fragile que le verre, surtout en ce qui concerne sa conservation. Il faut démystifier l’art verrier et accompagner le public dans la compréhension des techniques de création. Nous espérons y contribuer en mettant l’art verrier à l’honneur à ST-ART depuis l’année dernière. Nous invitons également les Étoiles Terrestres composées du musée Lalique, du centre verrier de Meisenthal et du musée de la cristallerie Saint-Louis, ainsi que l’association d’amateurs d’art verrier l’ESGAA, représentée par Laurent Schmoll qui nous invite depuis l’année dernière à découvrir des artistes majeurs de la scène internationale. Cette année, nous aurons l’honneur d’accueillir le collectif Bones and Clouds dans une installation très organique.
“Il faut démystifier l’art verrier et accompagner le public dans la compréhension des techniques de création. Nous espérons y contribuer en mettant l’art verrier à l’honneur à ST-ART depuis l’année dernière.”
AP : Souhaites-tu ajouter un mot de conclusion à cette interview ? Carte blanche !
CS : Merci tout d’abord pour cet échange, et j’ai hâte de découvrir le stand du CERFAV cette année. Je suis certaine qu’il va éblouir l’ensemble de nos visiteurs !
Rendez-vous le 14 novembre à ST-ART !
En savoir plus sur la présence du Cerfav à St-Art 2025
- Le premier marché désigne celui dans lequel une œuvre est présentée pour la première fois. Le second marché est celui par lequel les œuvres sont revendues, plutôt des antiquaires ou des galeries spécialisées en art ancien, du XIXe ou en art moderne. Parfois, des galeries rattachées au premier marché peuvent s’inscrire également sur le second marché. ↩︎