Même si d’autres techniques existent, les vitraillistes utilisent traditionnellement du plomb dans les travaux de création ou de restauration qui leur sont confiés. Ils sont en contact avec ce métal et ses composés au cours de plusieurs étapes de leur travail : la manipulation de baguettes de plomb, la soudure de ces baguettes, la peinture à la grisaille, ou encore le démontage d’anciens vitraux, qui peuvent être à l’origine d’émissions de poussières de plomb.
Or le plomb et ses dérivés sont des agents CMR, c’est-à-dire qu’ils sont cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (toxiques pour la reproduction). Leur usage est donc encadré par une réglementation visant à protéger les personnes qui les utilisent dans le cadre de leur travail.
Deux valeurs sont soumises à contrôle : la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) et la valeurs limite d’exposition biologique (VLB).
Le 13 mars 2024, le Parlement et Conseil européen ont signé une directive européenne fixant de nouveaux objectifs de VLEP et VLB avec une entrée en vigueur au 8 avril 2024.
Cela dit, cette nouvelle directive ne s’applique pas encore aux entreprises. Il faut attendre une transposition de ce texte en droit français. Elle peut prendre la forme d’un arrêté, d’un décret, d’une loi. Elle fixera les moyens qui permettront aux entreprises d’atteindre les objectifs de l’Union Européenne. Elle peut entrer en vigueur presque du jour au lendemain et au plus tard le 9 avril 2026.
Le calendrier d’application réglementaire est le suivant :
VLB en microgramme de plomb par litre de sang
- Homme : 400
- Femme en âge de procréer : 300
- Femme pas en âge de procréer : 300
- Homme : 300
- Femme en âge de procréer : 300
- Femme pas en âge de procréer : 300
- Homme : 150
- Femme en âge de procréer : 45
- Femme pas en âge de procréer : 150
La VLB va donc peu évoluer dans un premier temps : en 2026, la valeur d’exposition des hommes deviendra la même que celle qui vaut actuellement pour les femmes. L’usage systématique des équipements de protection individuelle et collective permettent de passer ce cap sans encombre.
L’étape suivante (au 31 décembre 2028) sera nettement plus exigeante et le respect des valeurs d’exposition vont nécessiter des évolutions du métier ; on pense au développement de baguettes sans plomb, de soudures sans plomb, de grisailles sans plomb…
À noter que des travaux sont en cours au Cerfav pour mettre au point des vitraux sans plomb. La recherche avance bien même si elle nécessite encore un peu de temps, et les ateliers de vitrail volontaires pourront bientôt tester une première nuance de baguette sans plomb.
VLEP en milligramme de plomb par m³ d’air
0,1
0,03
L’évolution est notable pour cette valeur : il s’agit pour les professionnels de s’assurer d’avoir un système d’aspiration performant qui leur permette de l’atteindre.
Naturellement, à terme, l’utilisation de matériaux alternatifs au plomb contribuera aussi à améliorer cette valeur.
Pour être complet, la directive prévoit également :
- des mesures préventives de surveillance médicale, prises avant que les VLB et la VLEP soient atteintes, selon certains seuils,
- une souplesse d’application du texte lors du changement de VLB le 1er janvier 2029, pour tenir compte du fait que le plomb stocké dans le sang se libère lentement dans le sang.