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Projet re-Source : une journée d’expérimentation autour du soufflage de verre à la canne pour des chercheurs de l’École des Mines Paris – PSL

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Dans le cadre du projet re-Source, le Cerfav a accueilli des chercheur·es de l’École des Mines de Paris – PSL pour une journée d’expérimentation autour des gestes du souffleur de verre à la canne fin avril 2025. David Arnaud, chargé de projet numérique, et notamment le projet re-Source, et Noël Crescenzo, ingénieur pédagogique chargé du développement d’outils numériques au Cerfav, ont accompagné Alexis Paljic, Jean Morell et Maryam Boumrah dans leur premier contact avec le verre en fusion. L’objectif était de leur permettre d’utiliser leur pratique comme terrain de réflexion pour des projets de recherche autour des gestes et de l’apprentissage avec les outils de réalité virtuelle. Iels partagent leur retour d’expérience avec nous.

Pouvez-vous vous présenter et nous rappeler l’objectif de votre venue au Cerfav ?

Alexis Paljic : Je suis professeur à l’École des Mines de Paris- PSL et mes recherches portent sur la réalité virtuelle et la réalité augmentée. Nous sommes venus au Cerfav pour aborder la question générale de l’usage de cette réalité virtuelle comme moyen d’apprentissage et de formation pour le soufflage de verre. Nous sommes venus échanger avec en prise de support la réalité du terrain, pour imaginer des interfaces qui pourraient aider à l’apprentissage de certaines parties du geste verrier.

Cet échange a lieu dans le cadre du projet re-Source [en savoir plus sur cerfav.fr]. C’est aussi lié à un projet sur lequel travaille Maryam Boumrah dans le domaine médical et de la santé au travail.

Maryam Boumrah : Je travaille à l’École des Mines avec Alexis, sur la réalité virtuelle, pour une partie dans le domaine de l’ergonomie au travail, dans l’industrie. Cela concerne les postures et les conséquences des postures, des mouvements répétitifs sur le corps des opérateurs, et sur leur santé par la suite.

Pour une autre partie, je travaille sur les gestes d’experts, tout ce qui est mouvement complexe du corps. Nous sommes donc venus explorer comment la réalité virtuelle va nous aider à transmettre ces gestes d’experts pour les personnes qui veulent apprendre le métier.

Jean Morell : Je suis en doctorat à l’École des Mines également, ma thèse est financée par le projet re-Source. Mon sujet, c’est la transmission du savoir-faire artisanal en réalité mixte, virtuelle et augmentée. Je m’intéresse également à la multimodalité, c’est-à-dire le fait de stimuler plusieurs sens à la fois dans un but de transmission. Nous sommes venus observer des cas d’usage possibles, et voir si nous pouvons effectivement avoir des cas d’usage qui correspondent à ce que nous voulons transmettre du point de vue de la recherche.

Quelle est la différence entre réalité augmentée et mixte ?

Jean : On pourrait décrire de façon générale tout ce qui est entre réel et virtuel sur un spectre.

Pour la réalité augmentée, on va joindre des éléments virtuels au monde réel. Par exemple, en utilisant des lunettes, où l’on continue à voir le monde autour de nous avec des éléments virtuels.

Pour la réalité virtuelle, on est entièrement immergé dans un monde virtuel. 

Il y a plusieurs façons d’envisager la réalité mixte. La façon dont je pourrais la décrire, c’est qu’on va être immergé dans un monde virtuel dans lequel on va agir avec des éléments du monde réel.

Vous avez été initié aux gestes de base du souffleur de verre. Comment avez-vous appréhendé les différentes étapes ? Y avait-il une complexité et quel est votre ressenti par rapport à cette pratique ?

Maryam : La chose la plus importante que j’ai découverte, du point de vue d’une personne qui fait ça pour la première fois, c’est le problème de la coordination, et le fait de devoir penser à plusieurs choses, de prendre en considération plusieurs éléments dans un temps très limité en lien avec le verre en fusion. Pour une personne novice, il n’y a pas assez de temps pour réfléchir et rassembler tous les éléments nécessaires à la réussite de la tâche. C’est vraiment ce problème de coordination qui est le plus important.

Alexis : Je suis totalement d’accord avec ce constat ! Le message principal avec lequel je repars est celui-là : c’est multi paramètres, et il n’est pas possible d’apprendre tous les paramètres d’un coup. Je prends l’exemple du tranchage : il faut tourner la canne, faire le geste au bon endroit, à la bonne température, savoir que c’est bien la bonne température, quand est-ce qu’il faut incliner les fers à trancher …

Finalement, et c’est ce qui est ressorti de nos discussions ici, l’expert connaît la globalité. Il sait où il en est dans cet arbre complexe, cette arborescence des possibles, pourquoi il est arrivé là et quelle solution il a. Ce n’est donc pas possible d’apprendre tout d’un coup. 

Une des voies pour imaginer un système d’apprentissage est de réaliser une simulation qui permettrait d’isoler chacun des paramètres pour les apprendre individuellement et ensuite les combiner et progressivement monter en complexité, comme nous l’avons un peu fait lors de notre initiation. 

Jean : L’expert n’a pas tant un savoir-faire de geste mais plutôt un savoir-faire de réactivité et d’analyse. Il sait faire le bon geste, mais surtout, il sait le faire au bon moment.

Les chercheurs appréhendent la matière verre à l’atelier soufflage du Cerfav.

Qu’avez-vous le plus apprécié lors de votre découverte du soufflage à la canne ?

Jean : j’ai adoré le travail directement avec la matière. 

Maryam : Pour moi, découvrir l’erreur que j’ai fait la première fois et pouvoir la corriger. Ça m’a donné envie d’apprendre et de répéter les tâches.

Alexis : J’ai bien aimé le cueillage. Le soufflage au pouce, c’est presque un jeu ! L’utilisation du manomètre, qui est quelque part une simulation. Le travail au banc est beaucoup moins évident.

Qu’allez-vous retirer de cette journée d’initiation dans l’atelier à chaud du Cerfav ?

Alexis : Nous pensons aborder deux cas d’usages pour commencer : la tâche de faire une goutte de verre, et le tranchage. Nous allons utiliser le cadre théorique que Maryam et Jean ont mis en place reprenant les différentes phases d’apprentissage, et voir si et comment la réalité virtuelle ou augmentée peut assister chacune de ces étapes. Ces trois étapes sont : 1) observer le geste pour le comprendre dans sa globalité, 2) le prendre en main, et enfin 3) être autonome.

Jean : La première phase, la compréhension du geste, est une phase explicite, où l’on est spectateur. On peut donc vraiment s’attacher à sa compréhension. Sur les deux autres phases, l’appréhension et l’autonomie, on va être acteur, et l’apprentissage va plutôt être implicite. C’est peut-être les endroits qui sont un peu moins clairs dans la compréhension.

Il y a d’autres questions qu’on va aborder, notamment la question de l’évaluation : comment est-ce qu’on évalue qu’on a un bon geste ? Comment est-ce qu’on s’assure que la connaissance qu’on veut transmettre est acquise ? Comment on modélise cette évolution de la connaissance ?
Ces grandes interrogations permettraient de voir si le modèle fonctionne.

Maryam : Pendant la pratique et lorsque j’ai vu comment l’expert parvenait à réussir les différentes tâches, j’ai observé qu’il exécutait le bon geste au bon moment inconsciemment, avec un taux d’erreur très diminué. Il y a également peu de variabilité dans le geste : il y a peu de différences entre les réalisations. L’expert va refaire plusieurs fois une pièce parfaite. Au contraire, l’apprenant va réussir avec une variabilité élevée d’une pièce à l’autre.

Les différents gestes sont testés, suivi d’une démonstration par Jean-Pierre Mateus, formateur responsable de l’atelier soufflage du Cerfav.


Les expérimentations se poursuivent dans le cadre du projet re-Source qui a pour ambition de créer un conservatoire des gestes et de pérenniser la transmission des savoir-faire pour les métiers rares.

Le Cerfav participe au projet Re-SOURCE à travers son volet consacré au conservatoire des gestes et savoir-faire des métiers d’art. L’objectif est de mieux transmettre les gestes des métiers rares et/ou à fort enjeu économique en améliorant les dispositifs de formation pour les formateurs, en utilisant les outils numériques (IA, outils immersifs, formation à distance …).
Les partenaires du projet :
Acteurs académiques :
École nationale supérieure des Arts Décoratifs et son laboratoire de recherche EnsadLab,
École nationale des Chartes – PSL, ENAMOMA – PSL, Groupements d’intérêt public
Formation et Insertion Professionnelles de l’académie de Nice, Groupement d’intérêt public
Paris Formations et Compétences, Institut Français de la Mode, Lycée du Dauphiné,
Mines Paris – PSL, Mines Saint-Étienne, Université Paris Nanterre
Acteurs économiques :
Cerfav, Christofle, Comité Colbert, Made In Montreuil, Valesens, Van Cleef & Arpels
Acteurs territoriaux :
Chambres des métiers et de l’artisanat — Provence-Alpes-Côte d’Azur, Chambres des mé-
tiers et de l’artisanat — Auvergne-Rhône-Alpes, France Travail Provence-Alpes Côtes d’Azur

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